dimanche 3 octobre 2010

Augerolles

Le territoire d’Augerolles s’étend sur les pentes du Forez, il est assez accidenté, de sol médiocre, en grande partie boisée surtout sur les hauteurs. La population est très dispersée, le centre communal n’en rassemble même pas la moitié et les derniers recensements indiquent plus de soixante-dix lieux habités (hameaux ou maisons isolées).

Le village s’est développé autour d’un petit prieuré de l’ordre de Cluny mentionné dans un diplôme du pape Urbain II de 1095, mais sa fondation est plus ancienne. Au XIII° siècle, outre le prieur, il n’y avait que deux moines. A cette date prieuré et village étaient protégés par la « forteresse », simple château primitif probablement construit sur une motte par Hugues, prieur de Sauxillanges, c’est à cette époque que fut commencée la construction de l’église sous le patronage de sainte Croix.

Avant 1789, les droits de justices appartenaient au seigneur d’Olliergues, à celui d’Aubusson et au prieur du lieu. Dans l’étendue de la paroisse il y avait deux seigneuries principales : Frédeville et les Grimardies. Frédeville resta dans la famille du même nom depuis au moins le XIII° siècle jusqu’en 1759, date du mariage de l’héritière avec Jean de Mascon, du château il ne reste que des ruines. Les Grimardies passèrent des de Boulier aux de Calard en 1516, puis aux de Talaru en 1592, vers 1695 Claude de Talaru vendit ses à Bernard de Provenchères, conseiller à la cour des aides de Clermont, qui en 1723 acheta la seigneurie de La Faye, paroisse d’Olmet, et l’unit aux Grimardies. En 1789, la famille les possédait encore. Après avoir acheté les Grimardies Bertrand de Provenchères demanda à Massillon, l’évêque de Clermont, l’autorisation de fonder une chapelle dans son domaine, invoquant la difficulté du chemin vers Augerolles et « la goutte qui l’oblige à garder le lit ou la chambre les deux tiers de l’année ». Le 22 juin 1729, l’évêque donna son accord. Le château des Grimardies existe toujours. Alexis de Provenchères (1765-1831), lieutenant au régiment de Bourbonnais, participa à la guerre d’Indépendance d’Amérique sous les ordres de Rochambeau.

Augerolles était, au point de vue fiscal, divisé en quatre quartiers ou collectes : quartier d’Aubusson, de la Montagne, de Frédeville et du Bourg. En avril 1698, Mgr Bochard de Saron visita la paroisse (la précédente visite épiscopale remontait au 29 avril 1687). L’église fut trouvée en bon état, on y conservait un nombre considérables de reliques dans quatre reliquaires, ossements de plusieurs saints pas tous identifiés (dans un reliquaire un paquet d’os porte la mention « reliqae incognitione »), une petite croix en cuivre argenté contient un fragment de la vraie croix. Le clocher est alors meublé de cinq cloches. Le curé est nommé par le prieur, il est à la portion congrue se montant à 300 livres et trois septiers de seigle. L’évêque a reçu des plaintes contre la conduite du curé, aussi lui est-il ordonné « de se retirer dans huictaine dans le séminaire de Thiers pendant six mois consécutifs et sans interruption pour y reprendre l’esprit ecclésiastique ». A du curé et de son vicaire il y avait des prêtres communalistes (nés et baptisés dans la paroisse), leur nombre n’était pas limité, ils étaient trois en 1698, mais absents au passage de l’évêque. Dans la paroisse qui compte 1200 communiants on ne signale ni hérétiques, ni sorciers, ni « concubinaires », ni excommuniés, il n’y a pas d’école, mais quatre sages-femmes. « Les habitants sont pauvres laboureurs, tisserands, sabotiers ou journaliers ». Le prieur perçoit toutes les dîmes à l’exception appartenant au seigneur de La Faye et d’un autre appartenant au seigneur de Frédeville qui en sont exempts, par ailleurs le curé d’Aubusson lève la dîme sur le hameau de Puy-Genêt.

Lors de la visite épiscopale du 9 mai 1778 on estime à 1600 le nombre des communiants, il n’y a ni école ni sage-femme, les cabaretiers « ne sont pas toujours sans reproche ». Il n’y a pas de presbytère, le curé reçoit des habitants 50 livres pour se loger (quelques années plus tôt on signale qu’il bénéficie d’un jardin contenant « deux coupées, amis inutilisé à cause de la médiocrité du sol »). La paroisse à deux cimetières, l’un clos de murailles, l’autre au sud de l’église dans l’intérieur du bourg qu’il faut interdire. Les deux confréries, du Saint-Sacrement et du Rosaire, n’ont aucun revenu. Les deux chapelles domestiques des châteaux de Frédeville et des Grimardies sont en bon état, celle dédiée à saint Lazare est interdite depuis longtemps, « elle a servi d’asile aux malfaiteurs, elle est absolument inutile, il serait convenable d’en ordonner la démolition ». (Histoire des communes du Puy de Dôme par A. G. Manry)

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