lundi 25 octobre 2010

Château de la Faye


Le Château de la Faye est un monument privé inscrit à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Il doit son nom à la rivière qu'il domine et a probablement été construit à cet endroit pour défendre la vallée. Quand on regarde sur une carte, on trouve en effet dans le même prolongement le château de Mauzun, puis celui de Montmorin. 

Historique.

Datant du début du XIII° siècle (probablement vers 1240), ancienne maison forte, le château de la Faye dut être élevé peu de temps après la guerre féodale ayant opposé les Damas de Couzan en Forez aux Meymont d'Olliergues d'Auvergne (objet d'un traité de paix rédigé vers 1195 pour surveiller la vallée de la rivière de Giroux dite de la Faye, affluent de la Dore). Il a connu bien des aménagements destinés à sa sauvegarde face aux dangers des guerres de toute sortes et à toutes époques. C'est de la fin de la guerre de cent ans que date entre autres parties la grande tour ronde à mâchicoulis, le donjon, qui porte les armes des BOULIERS (une croix ancrée) qui avaient succédé aux premiers possesseurs connus : les MONTREVEL DE LA FAYE. D'autres aménagements plus tardifs lors des guerres de religions se retrouvent sous la forme de larges ouvertures pour grosses armes à feu. L'édifice pouvait alors sembler assez sûr pour qu'Yves de CALARD, abbé de Montpeyroux, frère du seigneur de la Faye, y fasse transférer les archives de son monastère.

Parmi les figures les plus marquantes de ses possesseurs successifs, il convient de mettre en avant Guillaume de MONTREVEL, sans doute élevé et instruit à l'abbaye voisine de Thiers où son oncle maternel était abbé, dit l'Hermite de la Faye, surnom ironique pour un incessant voyageur. Alors que ses prédécesseurs avaient connu une existence assez modeste, sans grandes alliances, sans grands revenus liés à des charges importantes auprès de grands seigneurs voisins, celui-ci n'hésita pas après s'être fait remarquer en Europe du Nord lors de la croisade des chevaliers Teutoniques en Prusse, à se mettre au service du Duc de Bourbon, Comte du pays de Foy tout voisin. Présent aux batailles de Rosebecque, de Verneuil, à la chevauchée de Bourbourg, il devint par sa vaillance mais aussi grâce à son expérience et ses avis judicieux, conseiller et chambellan du Duc. plan du châteauIntroduit de ce fait à la Cour, gagnant la confiance royale, il devint d'abord chambellan du frère du roi, le Duc de Berry, puis conseiller et chambellan du roi lui-même, sénéchal de Beaucaire et de Nîmes et gouverneur du Dauphin. On le vit assiégeant le palais des papes d'Avignon puis, talentueux diplomate, à Chypre, en Aragon, en Angleterre. Ses deux fils qui partagèrent réellement sa vie et ses voyages périrent malheureusement à Azincourt. Avant de décéder en décembre 1413, il agrandit la vieille maison forte et construisit notamment la tour Nord-Est, remarquablement percée de trois canonnières, les premières en Auvergne à cette époque. Une de ses deux filles épousa Guillaume BOULIER DU CHARRIOL et lui apporta avec d'autres terres que Guillaume de MONTREVEL avait acquises, la seigneurie de la Faye.

Les BOULIER étaient de petits vassaux de Thiers dont l'un d'eux édifia entr'autres choses le couronnement de mâchicoulis de la grande tour sud-est. Ceux-ci, faute d'héritier, laissèrent par donation la Faye à leur parent CALARD de FRISSONET, de Viverols. 

Un autre personnage haut en couleur fut Jean BOULIER. D'un caractère assez particulier, procédurier semble-t-il à l'extrême, il fut débouté à plusieurs reprises de ses appels au Parlement de Paris. Il fut même poursuivi pour le meurtre d'un sergent royal… et finalement absout faute de preuves patentes. Antoine de CALARD, d'une famille originaire du Val d'Ance, héritière de la quenouille des Bouliers, fonda le couvent des capucins de Thiers. Christophe de CALARD réaménagea certaines parties intérieures du château et prolongea la partie de la galerie située sur les écuries en l'ouvrant par de larges baies cintrées sur la perspective de la Limagne et des Monts Dore. Sa brillante conduite militaire -il repris notamment la ville de Mende aux Huguenots du capitaine Merle- lui valut de grands honneurs et quelques revenus financiers dont dû bénéficier le Château de la Faye. 

Les CALARD tombés en quenouille léguèrent la Faye aux TALLARU-CHALMAZEL qui la vendirent à dame Françoise SIMIANE de MOUCHA, veuve du puissant seigneur de BRULART, comte de RONURES. Elle la céda le 23 août 1703 à Jean-Alexis de PROVENCHERES. On retrouve les premiers PROVENCHERES à Augerolles autour de 1500. Ils ont toujours fait souche dans cette commune. Ils s'y sont installés après que Paul de PROVENCHERES ait fait fortune dans le commerce du bois. Jean-Alexis avait une très grosse fortune, était propriétaire d'un hôtel particulier au n° 23 du Fg St Honoré et également propriétaire, avec son frère, des Quais de la Rapée où les bois et le charbon arrivaient par flottage par la rivière Allier en venant de Brassac. Un monsieur Gireaudet était chargé de gérer ses affaires ; celui-ci est devenu par la suite le gendre de Bertrand de PROVENCHERES (celui qui fit construire le château des GRIMARDIES). Le château et les droits de seigneurie ayant été acquis conjointement avec son beau-frère, Pierre de la BROSSE, ils étaient de ce fait co-seigneurs (tous les deux avaient épousé des demoiselles de LA CHAPELLE dont le père était maître ébéniste au Fbg St Antoine à Paris). La famille de PROVENCHERES possède donc La Faye depuis trois siècles.

Tous, du sage et valeureux Guillaume au turbulent Jean BOULIER ne manquèrent pas de gratifier églises et couvents. La modeste chapelle du château de la Faye, dédiée à Sainte Marguerite fut elle-même bien dotée et, jusqu'à la révolution, un office journalier y était célébré.

Le château de la Faye faillit disparaître en 1792 lorsque les administrateurs du district de Thiers ordonnèrent sa démolition, le propriétaire étant émigré. Son éloignement qui rendait aléatoire la vente des matériaux qui auraient pu en être extraits le sauva. Le château a probablement été habité jusqu'à la Révolution Française par la famille de PROVENCHERES puis par des fermiers jusqu'à la fin du dix neuvième siècle. La maison de ferme, bâtie avec des pierres du château date approximativement de cette période. Elle fut elle-même abandonnée vers le milieu du vingtième siècle.

Le château de La Faye appartient depuis 2001 à Claire-Marie de PROVENCHERES, épouse d'ORANGE. 

Restauration.

De ce premier poste militaire, subsistent la tour porte rectangulaire (englobée plus tard dans la chapelle dont elle constitue une partie de la nef par sa voûte en plein cintre) où les chaînages d'angles et les traces d'huisserie demeurent visibles ainsi qu'une archère et une tour ronde pleine.

Le château a été très remanié à la Renaissance. Il possédait de très belles fenêtres renaissance. Mais dans les années 1970, le père de monsieur Charles de PROVENCHERES qui n'avait pas le souci de ce château a permis à un habitant de la région de prendre toutes les pierres qu'il voulait pour restaurer sa gentillhommière. Les encadrements renaissance des fenêtres et des portes furent donc prélevés. Cela eut pour conséquence de faire effondrer les murs ainsi que la toiture (une partie du château était encore habitée début 1900). Après que le toit se soit effondré la dégradation fut rapide, beaucoup de personnes s'en servant comme carrière.
donjon et tour pleine

Lorsqu'au début des années 1990 Charles de PROVENCHERES (père de l'actuelle propriétaire) entreprend les premières restaurations, cela fait donc deux cents ans que le château tombe peu à peu en ruines et la végétation a complètement envahi les ruines du vieux monument.

Après expertise de l'architecte des Bâtiments de France, il apparaît que certains travaux doivent être réalisés en priorité pour consolider l'existant.

  * Le donjon : il a été restauré il y a environ 12 ans. La partie nord était effondrée juste en dessous des mâchicoulis. Ils ont été remonté (certains ont dû être retaillés) et une dalle a été posée pour mettre hors d'eau. Dans le donjon, on compte trois niveaux plus la terrasse. A l'intérieur, les pièces sont carrées. Un blason avec une croix ancrée se trouve sur les mâchicoulis et sont les armoiries du premier propriétaire. 

A l'intérieur de la première salle se trouvait une cheminée dont les pierres et le linteau sont effondrés du fait d'une tentative de vol.

Les travaux prévus sont la reconstruction des deux paliers intermédiaires et l'installation d'un escalier droit intérieur en bois. Ainsi, le donjon pourrait alors être ouvert à la visite.

  * Tour renaissance : La petite tour appelée aussi tour "renaissance" a été restaurée à la même époque que le donjon ; ses mâchicoulis n'ont pas pu être reposés car ils ont été volés, mais elle a été restaurée jusqu'à sa hauteur initiale. Une dalle la protège également de l'eau.

Elle fut aussi victime de vandalisme car toutes les dalles de la pièce du bas furent volées. De même, il y avait une cheminée dont le linteau en granit et le montant droit de la cheminée faisaient bloc avec le montant droit de la porte. Celle-ci fut volée il y a une vingtaine d'années, entraînant, de part la façon dont elle était construite, dégradation de la partie cheminée et porte. Elle possède un plafond voûté et des meurtrières. Un M est gravé au dessus de la porte (famille MOUCHA).

  * La chapelle : la restauration de la chapelle est prioritaire. C'est une des rares "pièces" encore debout de l'édifice. Cette chapelle a été construite dans une tour carrée, ancienne entrée principale du château, et partie la plus ancienne des bâtiments. Elle fera, dès mars 2004, l'objet de la première campagne de restauration menée par les nouveaux propriétaires pour une durée d'environ trois mois. Sa voûte s'est effondrée quand les ogives de la porte d'entrée furent volées.

Les travaux à entreprendre sont importants. Il faudra d'abord rebâtir la charpente et le toît pour imperméabiliser les murs. Ensuite, tout devra se faire par des échaffaudage sextérieurs car l'accès intérieur ne permet pas une circulation de chantier : dégagement des éboulis, reprise des pieds de voûte, de la voûte, des gisants, etc... (N.B. : en mai 2004, ces travaux de restauration de la chapelle sont déjà bien avancés et devraient se terminer en juillet 2004).

Près de la chapelle se trouvent des bâtiments dont les salles sont effondrées. Un escalier extérieur permettait d'accéder à l'intérieur de la tour aux différents étages (l'Architecte des Bâtiments de France souligne que c'était quelque chose d'assez exceptionnel) ; il permettait aussi de monter sur le chemin de ronde. Dans le bas sur la droite, se trouvaient les cuisines.

  * Le four à pain : il devrait être restauré dans le cadre du petit patrimoine.

  * Le corps de logis : il a probablement été rajouté par la suite car, initialement, le château partait du donjon vers la chapelle où se trouvait la porte d'entrée, allait à la tour pleine, continuait vers une tour, puis une autre et enfin à la tour renaissance fermant ainsi l'enceinte. L'intérieur n'était pas très grand. Sur la façade du corps de logis dominant la vallée, les murs étaient troués de quatre arcades accolées de piliers ; les chapiteaux de ces piliers étaient creux sur trois faces (sur les côtés et le devant) : on y posait des lampes à huile pour éclairer la pièce. Ces arcades ont été volées il y a une trentaine d'années. On n'a pas cuisine et four à painpu les récupérer mais des photos existent qui permettront de les reconstruire à l'identique. Au-dessus du rez-de- chaussée, il y avait une grande salle avec des fenêtres à meneaux qui ont été bouchées car à partir de 1820 environ cette partie a été transformée en bâtiment de ferme (25 hectares de terrain qui n'étaient pas boisés comme actuellement). On y mettait du foin ; en dessous se trouvaient les charrettes. La reconstruction est prévue à l'identique.

Le château était entouré de douves sèches mais au bas des arcades se trouvaient des terrasses (dont on a retrouvé trace des murets). Il est donc prévu de dégager tous les arbres sur ces terrasses de manière à remettre l'environnement à peu près à l'identique. De la pelouse y sera plantée. 

  * Tour sud-ouest : elle a été consolidée il y a une dizaine d'années.

Depuis qu'elle s'est attaqué à la restauration du monument, la famille de PROVENCHERES a remis en état le donjon, la tour renaissance, la tour pleine et ce qui reste de la tour sud-ouest.

Dans les travaux à prévoir rapidement il faut compter : le déboisement prévu à l'automne 2003, le débrousaillage desbaie de la grande salle abords et de l'intérieur du château, la consolidation des parties sensibles (corps de logis et chapelle de façon à pouvoir y faire ensuite des travaux plus importants). Dans un deuxième temps, il y aura la reconstruction de certaines parties comme le corps de logis et la chapelle. Ensuite, il y aura un gros travail pour rechercher à l'intérieur du château les bases des fondations.

S'il est actuellement difficile de retrouver précisément toutes les pièces du château tel que les décrit un inventaire après décès de 1606, de la chambre de l'Horloge à celle des Endormis, les restaurations entreprises permettent de sauvegarder un bel ensemble où des fouilles méthodiques, des dégagements et des consolidations ultérieures rendront possible une résurrection de cette demeure si particulière par son architecture et son histoire. C'est ce à quoi s'attachent Claire-Marie d'ORANGE et son époux aidés par une association : la FAYEssociation. Leur but est de sauvegarder et restaurer le château de la Faye ; ne serait-ce que pour le rendre visitable. 

Sources et photos : La Passion des Châteaux 

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