vendredi 19 novembre 2010

Aigueperse - La seigneurie

De la dépendance de la maison de Thiers la seigneurie d’Aigueperse et de Montpensier va passer dans celle des Beaujeu lorsque Agnès de Thiers, sœur de Guy V et veuve de Raymond de Bourgogne, épouse en secondes noces Humbert de Beaujeu (1142-1189), co-seigneur du Beaujolais. Son petit-fils Guichard IV épouse en 1224 Catherine de Clermont, comtesse de Montferrand, et dauphine d’Auvergne, qui lui apporte en dot Montferrand et Herment. C’est probablement Guichard IV qui accorda une charte aux habitants, monnayant ainsi les frais de sa croisade contre les Albigeois où il avait accompagné le roi Louis VIII. Celui-ci devait mourir, à son retour, au château de Montpensier. Aigueperse passera ensuite dans la maison de Dreux par le mariage de Jean II de Dreux, grand chambrier de France avec Jeanne de Beaujeu, petite-fille de Guichard IV. Après 1345, la seigneurie passa à Bernard de Ventadour, descendant de Jean de Dreux, qui sera fait comte de Montpensier le 2 avril 1350. véritable chevalier brigand il voulut imposer sur la ville la taille au quatre cas, mais forts de leurs privilèges les habitants refusèrent. Ventadour envoie alors son fils et ses hommes piller le bourg et brûler la charte de franchises. A la suite de la plainte des habitants auprès du roi Charles V, celui-ci confisque le comté au profit de son frère Jean, duc de Berry. Ce dernier confirme la charte en janvier 1374 au vue d’une copie de l’ancienne, échappée au pillage. Cette charte comprend 108 articles, très libérale elle remet l’administration locale à des consuls par les habitants, elle présente des ressemblances, quoique lointaines, avec celle de Montferrand. Marie de Berry, fille de Jean, épouse Jean 1er , duc de Bourbon et d’Auvergne, et lui apporte Aigueperse. Ensuite se succèderont Charles II, duc de Bourbon, Louis 1er, Gilbert, un moment vice-roi de Naples, qui épousera Claire de Gonzague, fille du duc de Mantoue (avec elle les influences de la Renaissance italienne se feront largement sentir en Auvergne), Louis II, puis Charles III, le célèbre connétable qui verra ses biens confisqués par François 1er. Mais en 1538 la seigneurie fut restituée à Louis III, fils cadet de Louis II, prince de La Roche sur Yon et époux de Louise de Bourbon fille aînée de Gilbert. En février 1539 le comté de Montpensier fut érigé en sa faveur en duché pairie (les jugements en appel de la justice seigneuriale étaient ainsi directement rendus par le Parlement de Paris). Après François, puis Henri, le duché échut à la fille de ce dernier, Marie qui devait en 1626 épouser Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, entre temps en avril 1609 Henri IV avait par lettres patentes confirmé le privilège de duché pairie pour Montpensier. La fille unique de Gaston d’Orléans, « la Grande Mademoiselle », légua son duché à « Monsieur » frère de Louis XIV, Philippe 1er d’Orléans qui en prit possession en 1693 par procuration, la cérémonie se fit à l’Hôtel de ville d’Aigueperse par la remise des clefs des portes de la ville. Ses descendants le conserveront jusqu’en 1789. le dernier duc de Montpensier sera Louis Philippe d’Orléans qui sous le nom de Philippe Egalité sera député à la Convention, votera la mort de son cousin Louis XVI et périra lui-même sur l’échafaud. Le château : le centre du comté, puis duché, était à Montpensier, les seigneurs n’avaient pas de château dans la ville. Louis 1er de Bourbon en fit construire un près de l’église, il était défendu par des tours et on y pénétrait par une pont-levis s’ouvrant sur les fossés de la ville. Mais les habitants le considérèrent comme un empiètement sur leurs privilèges et en 1442 portèrent plainte devant le parlement de Paris qui leur donna raison. En 1486, Gilbert de Bourdon dit démolir le château et éleva à sa place une habitation « dans le style de la maison d’Anjou à Paris ». Cette habitation « magnifique » disait-on sera détruite par un incendie en 1574. (André Georges Manry « Histoire des communes du Puy de Dôme »).

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