mercredi 2 janvier 2008

Maison de Montboissier

La terre d’Aubusson appartenait anciennement à la puissante maison de Montboissier. Dans le but de faire connaître un peu les origines de cette famille, nous sommes heureux d’insérer les notes suivantes qui nous ont été communiquées par le Révérendissime Père Abbé de Solesmes, à qui nous nous sommes adressé, pour avoir des précisions sur Pierre Maurice de Montboissier que l’histoire connaît mieux sous le de Pierre le Vénérable.
Voici quelques extraits de la notice que Bouillet, dans son «Nobiliaire d’Auvergne » (Clermont-Ferrand, 1851, t. IV pp 204 sv.) consacre à la famille de Montboissier-Beaufort-Canillac, « barons de Montboissier, seigneurs d’Arlanc, de Roche-Savine, d’Aubusson, etc.… »
« Indépendamment du titre de « princes » dont les seigneurs de Montboissier sont qualifiés par les anciennes chartres, les temps nous ont transmis le témoignage d’un auteur qui écrivant pour ainsi dire près du berceau de cette famille, nous apprend qu’elle tirait son extraction d’une race puissante et souveraine (cf. la « Chronique » de Pierre de Poitiers, moine de l’Ordre de Cluny, contemporain de Pierre le Vénérable).
Le château de Montboissier, appelé dans les anciens (titres latins « Mons Buxerius, de Monte Buxerio » ou « Monte Busserio » est situé comme l’indique la signification de son nom, sur une montagne couverte de buis, distante de 32 Km de Clermont. Quoique ce château fut le séjour ordinaire de ses anciens possesseurs, c’était la petite ville de Cunlhat, situé sur le chemin de Clermont à Ambert, qui était le chef-lieu de la baronnie de Montboissier. Nombre de fiefs et de châteaux environnants relevaient à foi et hommage de cette baronnie qui elle-même relevait des évêques que de Clermont.
Hugues Maurice, premier du nom, seigneur de Montboissier, surnommé le Décousu, le premier seigneur de Montboissier dont le nom soit parvenu jusqu’à nous, vivait sous Lothaire. Lui et sa femme Isengarde, au retour d’un pèlerinage de Rome, s’étant arrêtés à Suze, pour accomplir le vœu qu’il avaient formé, fondèrent, vers l’an 960, sur le mont Piscarien en Piémont, à 12 milles des Alpes, la célèbre abbaye de Saint Michel de la Cluse, dont ils avaient acheté le fonds du marquis d’Ivrée, et la dotèrent des prieurés de Sauviat, de Cunlhat et Arlanc, en Auvergne, que le même seigneur de Montboissier avait fondés.
Hugues Maurice son fils, seigneur de Montboissier, désigné quelquefois sous le seul nom de Maurice, est cité dans deux chartes des années 1045 et 1050 et dans une troisième sans date du prieuré de Sauxillanges.
Hugues Maurice, troisième du nom, chevalier, qualifié, prince de Montboissier, né dans les premières années du XI° siècle. On le voit intervenir avec Maurice de Montboissier, son père, dans une charte du prieuré de Sauxillanges de l’année 1045, et autoriser la donation faite vers le même temps à ce monastère, par Gérald Cellérier, fils de Pierre, de la dîme qu’il avait sur le lieu de « Las Costas » en présence d’Albert de Boisse, et de plusieurs autres chevaliers, et du consentement, porte la charte, de messire Hugues, prince de Montboissier. Il vivait encore en 1080. Ses enfants furent : Pierre, père du vénérable abbé de Cluny, Guillaume Maurice, seigneur d’Arlanc et Pons Maurice de Montboissier, abbé de la Chaise-Dieu.
Pierre Maurice, premier du nom, qualifié de prince de Montboissier, ainsi que son père, fit le voyage en Terre Sainte pendant les Croisades et mourut à son retour. Il fut enterré dans l’église de Sauxillanges. Indépendamment de sa haute naissance, ce seigneur était doué des plus rares qualités, si l’on en croit la Chronique de Pierre de Poitiers, Ringarde, son épouse, cousine du duc de Nevers, se retira, l’an 1115, après la mort de son mari, au monastère de Marcigny, où elle se fit religieuse. Elle mourut le 24 juin 1134 ou 1135 , et fut mise au rang des saintes.
De ce mariage sont nés huit enfants, dont trois abbés bénédictins :


  • 1er Othon, mort sans postérité


  • 2ème Hugues, père de deux filles


  • 3ème Eustache, premier du nom, qui a continué la descendance


  • 4ème Héracle, reçu chanoine de Lyon en 1139, et nommé archevêque de la même ville en 1153


  • 5ème Pons, moine de la Cluse, abbé de Vézelay en 1138


  • 6ème Jourdain, moine de la Chaise-Dieu, et successivement grand prieur et abbé en 1146


  • 7ème Pierre Maurice, surnommé le Vénérable, né vers l’an 1091,. Consacré à Dieu par Sainte Ringarde, sa mère, dans le monastère de Sauxillanges, il reçut l’habit religieux des mains de Saint Hugues, abbé de Cluny, à l’âge de 16 ou 17 ans. Successivement prieur de Vézelay et de Dommé, il fut élu le 22 août 1122, à peine âgé de 30 ans, abbé et général de Cluny.


  • 8ème Armand Maurice, prieur de Cluny et de Manglieu, en Auvergne.
D’après ces notes et du fait que Pierre Maurice fut consacré à Dieu par sa mère, dans le monastère de Sauxillanges, nous concluons que ce dernier naquit au château de Montboissier, commune de Brousse, dans le canton de Cunlhat, sis à une douzaine de kilomètres de Sauxillanges, et non point au château d’Aubusson, comme nous l’espérions. Le saint Abbé témoigne lui-même de ses origines auvergnates. Ainsi lorsqu’il raconte comment revenant un jour d’Italie et « rapportant avec lui les pénibles fièvres romaines », il fut conseillé une cure « d’air natal ». Il vient donc, dit-il, au monastère de Sauxillanges, de l’Ordre de Cluny, où il avait passé toute sa jeunesse et où sa mère l’avait consacré à Dieu. Il parle de sa mère en termes très touchants dans la lettre qu’il écrivit à ses trois frères moines, à l’occasion de sa mort. Ces différentes notes ont été tirées des écrits de Raoul de Cluny, contemporain et biographe de Pierre de Montboissier, dit le Vénérable. La « Chronique de Cluny » écrite vers la fin du XV° siècle par François de Rivo, nous a donné les mêmes précisions.
Il reste impossible semble-t-il de préciser la date de naissance de Pierre le Vénérable vers 1091. On sait seulement qu’il avait environ 30 ans en 1122, lors de son élection abbatiale.
Quant à la date de sa mort, la notice des Petits Bollandistes fait erreur en la plaçant en 1157. La Chronique de Cluny parle en effet, à ce sujet du « premier jour de l’année 1157 » mais en désignant explicitement par là le 25 décembre 1156, suivant la coutume du Moyen Age, qui faisait commencer l’année ecclésiastique au 25 décembre.
Le « Chronicum Cluniacense » retrace par ailleurs la dernière journée de Pierre le Vénérable, la vigile de Noël 1156, où il prononça son dernier sermon, sur le mystère de la Nativité. C’est dans la nuit du 24 au 25 décembre qu’il mourut, « au lever de l’aurore, à l’heure où l’on croit que le Christ apparut en ce monde ».
Ainsi se trouvait exaucé son désir de mourir un jour de Noël, pour la réalisation duquel il avait tant prié et fait prier « Homme de paix » jusque dans sa mort. On a pu dire qu’il fut « l’homme le plus politique de son temps » (Vacandard, Vie de Saint Bernard, I). 100). (« Notre-Dame d’Espinasse » de l’Abbé J. Découzon. (1953).

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