dimanche 24 octobre 2010

Château de Parentignat


Déjà cité au 18ème siècle comme l'une des demeures les plus richement meublées de la province, le Château de Parentignat est baptisé par Henri Pourrat, célèbre conteur et écrivain local, "le petit Versailles Auvergnat". Totalement épargné par la Révolution, on y trouve encore une grande partie de son mobilier d'origine ainsi qu'une superbe collection de tableaux du Grand Siècle.

Classé Monument Historique depuis le 5 juin 1972, Parentignat était déjà inscrit à l'inventaire supplémentaire depuis le 13 avril 1959 (à l'exclusion du portail d'honneur, des deux pavillons et de la balustrade reconstruite au 19ème siècle). La cour d'honneur a conservé l'aspect qu'elle avait au 18ème siècle.


Historique.

Aile sud.
A l'origine, le château était habité par la famille de SOMMIEVRES. C'était alors une maison forte, simple quadrilatère flanqué aux angles de quatre tours. Maximilien de SOMMIEVRES est décédé fin 17ème/début 18ème. Ses descendantes (4 nièces) ne s'entendant pas, la maison reconstruite en 1682 suite à un incendie, étant à nouveau abandonnée et délabrée, de même que le moulin, fut mise en vente et achetée par Jean Antoine de LASTIC, prieur de Bredon, le 23 octobre 1707, pour son neveu François II de LASTIC et sa nièce Marie de la ROCHE AYMONT.

En quelques années, cette batisse fit place à un insolite château, au plan inspiré de Versailles, où l'arkose blonde de Montpeyroux contraste avec les entourages de porte en pierre de Volvic et les toitures de petites tuiles rouges. Des travaux eurent lieu en 1779 pour terminer la façade donnant sur le parc et remanier la disposition intérieure.

François de LASTIC (décédé en 1970) épousa Claude de SAINT GENIS (décédée en juin 1986). Ils adoptèrent Georges de LASTIC (neveu de la branche Saint Jal) dans les années 60 pour leur succéder à la tête de Parentignat. Georges de LASTIC épousa Françoise GOUIN. Leur fils, Anne-François de LASTIC, est depuis le décès de Georges de LASTIC en janvier 1988, le propriétaire actuel de Parentignat avec sa mère.

Architecture.

La façade Est qui donne sur le parc, longue de 56 mètres, a été construite par la famille de LASTIC pour relier l'ancien château (partie Nord du château actuel) aux bâtiments côté Sud et qui formaient les communs. 

Détail toiture de la tour sud.
En janvier 1822, un très gros incendie a ravagé la quasi totalité des toitures du château (alors entièrement couvert à la Mansart) ; pour des raisons de mise hors d'eau et de sécurité, la famille de LASTIC, au lieu de restituer une toiture à la Mansart, décida de relever le mur d'un niveau vertical, d'y poser une génoise et de faire un toit à deux pentes en tuiles creuses lui donnant un aspect très méditerranéen (les tuiles viennent de la région d'Auxerre).

En été, des vases d'Anduze plantés d'agrumes (orangers, citronniers, mandariniers...) sont rajoutés entre les massifs de rosiers de la terrasse Est renforçant l'aspect méditerranéen du château. Les armes de la famille de MATAREL et celles de la famille de LASTIC y sont représentées (Les de LASTIC étant apparentés à la famille de MATAREL par la grand-mère d'Anne-François).

Les pierres, scellées sur le fronton qui orne la façade Est sont restées en l'état, sans avoir été sculptées aux armoiries de la famille de LASTIC et de la famille de la ROCHE AYMONT. Par contre, celles-ci ont été sculptées sur le fronton côté Ouest, identique au fronton Est. Mais la pierre choisie étant une pierre trop tendre et la façade étant exposée aux intempéries, aux vents et aux pluies dominantes, elle s'est érodée et il n'en reste plus que des vestiges. Les encadrements de fenêtres sont constitués d'arkose blonde de Montpeyroux, pierre locale, facile à aller chercher. Tous les murs, recouverts d'enduit, sont construits avec des galets et des morceaux de basalte récoltés autour du château.

On trouve dans le château actuel des éléments datant du 15ème et du 16ème siècles (dont des encadrements de porte, par exemple), les matériaux les plus nobles de l'ancien château ayant été réemployés pour reconstruire).

La façade donnant sur la cour d'honneur fait partie de l'ancien château des SOMMIEVRES ; elle est flanquée d'une tour à chaque extrémité dont une est d'origine, l'autre ayant été construite par la famille de LASTIC pour faire symétrie. La famille de SOMMIEVRES habitait l'aile gauche qui a brûlé lors de l'incendie de 1682.

Intérieurs.

Les communs.
Chaque génération n'a cessé d'enrichir l'exceptionnelle collection d'objets d'art du château de Parentignat. La peinture, la sculpture, le mobilier (des 17ème et 19ème siècles, classé Monument Historique par arrêté du 17 juillet 1962) et les tapisseries y sont représentés par les plus grands artistes de leur temps, dont Nicolas de Largillierre, Alexandre-François Desportes, Carl Van Loo, Hyacinthe Riguad, Elisabeth-Louise Vigée Le Brun, Claude Lorrain, Antoine Coysevox, Pierre Pujet,... 

  * Le vestibule d'entrée, tendu de "verdure d'Auvergne" (tapisserie d'Aubusson) est meublé de chaises à porteur. Ses murs sont recouverts de stuc rappelant le marbre. On peut y admirer un buste en marbre blanc du Grand Condé par Coisevox. Ce buste appartenait aux collections royales avant que Louis XV ne l'offre au Marquis de MARIGNY qui l'installa dans le parc du château de Menars.

  * La salle à manger pavée de dalles de marbre gris de Nonette dont les boiseries Louis XVI, peintes en blanc à l'orgine, ont été décapées à la fin du 19ème siècle. Le mobilier est de style Henri II.

Parc à l'anglaise.
  * Escalier d'Honneur : il fut construit en marbre de Nonette lors des travaux de 1775 et vient d'être restauré. On peut y admirer une scène de chasse de Nicolas DESPORTES, ainsi que des panneaux de LESUEUR.

  * Grand salon Rouge : c'est la pièce la plus riche du château, tendue de damas cramoisi, tandis qu'un lampas cramoisi et blanc de goût Louis XIV recouvre une série de sièges Louis XV en bois redoré. On y trouve une collection de peintures 17ème-18ème, regroupées par Georges de LASTIC.

  * Le salon blanc a conservé son mobilier d'origine.

Orangerie.
  * Bibliothèque : elle a été créée par Jean de LASTIC (mort en 1940) et occupe l'emplacement de trois pièces de l'ancien appartement de la comtesse de LASTIC : la chambre, le boudoir et un petit oratoire détruits à la fin du 19ème siècle. Des rayonnages en acajou, de style Empire, accueillent environ 10 000 livres. La collection est très éclectique (Livres sur les jardins, l'agriculture, l'histoire des peuples, la géographie, l'astronomie, la philosohie...).

C'est également Jean de LASTIC qui a mis en ordre les archives de la famille de LASTIC et écrit son histoire sur une période couvrant pratiquement 8 siècles. Les trois volumes qui la composent sont quasiment introuvables aujourd'hui.

  * Les deux chambres Louis XIV et Louis XV ont également été restaurées par Jean de LASTIC.

  * L'appartement du premier étage : il fut aménagé au début des années 1780, ses deux grandes salles ayant servi, sous Louis XVI, de salle de comédie et de salle de bal.

Le parc. 

La fabrique.
A l'origine, parc à la Française de facture très "provinciale", il offrait, dans la perspective du château, un ensemble dessiné de parterres probablement longés de buis avec des fleurs. Le tout était encadré par une haie de charmes ; à l'emplacement des gros chênes actuels, il y avait un grand bassin, fermant toute la perspective. Le parc est maintenant aménagé à l'Anglaise. En effet, après la Révolution, les revenus de la famille de LASTIC ayant diminué (un grand nombre de fiefs qu'ils possédaient dans la région leur ayant été ôtés), il fut décidé de supprimer tout ce qui occasionnait un entretien considérable. L'étang actuel fut creusé à cette époque ; la terre récupérée a été plaquée contre la terrasse du château ; la balustrade qui se trouvait à l'emplacement des rosiers a été supprimée de même qu'un escalier à double révolution qui permettait de descendre au niveau des jardins à la Française. 

L'eau de l'étang n'est pas prisonnière. Prise sur le béal qui alimentait autrefois le moulin et la citerne, elle ressort à l'extrémité de l'étang dans le "Grand Canal" qui longe la route menant à Sauxillanges et elle rejoint ensuite le cours de l'Eau Mère. A 2,5 kms du château, un barrage appartenant à la famille de LASTIC, à usage exclusif de la propriété, alimente le béal. Celui-ci fut édifié peu de temps après l'achat de Parentignat par la famille de LASTIC et permettait d'alimenter le moulin de façon continue et sûre.

La superficie totale du parc est de 15 hectares (8 hectares de grands prés et 2 hectares et demi de garenne classée aux Monuments Historiques) mais la partie la plus léchée fait environ 2 hectares, auxquels on peut ajouter la cour d'honneur et les alignements de tilleuls, situés à l'extérieur du château, mais qui lui appartiennent. Ils ont été recréés par Georges de LASTIC à la fin des années 1970-début 1980, sur les bases d'un plan de 1770, ces alignements montant, à l'époque, un peu plus haut vers l'entrée du château.

Une fabrique, datant de la deuxième moitié du 19ème, possède un décor intérieur extraordinaire, fait de graines de cèdre, clouées les unes derrière les autres. Ce décor a motivé la rénovation du bâtiment. 

Parc vu de la terrasse.
  * Le Trianon : ce bâtiment, construit en hauteur par rapport au plan général du parc, a été refait il y a douzaine d'années. A l'origine, c'était une citerne d'environ 130 000 m3 d'eau, entièrement close, et approvisonnée par un système de bélier (système à inertie) qui prenait l'eau dans le béal situé en contrebas. Un système de tuyauteries en terre cuite permettait d'arroser le jardin à la Française, le potager un peu au-delà et, en même temps, de remplir les petits et les grands bassins qui se trouvaient dans la perspective du château. Actuellement, le rez-de-chaussée contient une cuisine, une salle à manger, des douches. Les toits étaient Louis XIII, datant probablement du 19ème siècle. A la restauration de ce bâtiment, seuls les murs ont été conservés et la réfection du crépis a permis de dégager des traces de génoises se trouvant sur le pignon de chacune des tours qui étaient des pigeonniers. Le parti a donc été pris d'abandonner la restauration des toits Louis XIII pour recréer ce qui existait probablement au 18ème siècle, une exception architecturale sur la région : un bâtiment à 4 tympans sur chaque tour en chapeau de gendarme.

Le moulin est lié à l'histoire du château sur le plan économique car c'était l'un des seuls moulins qui existait sur la région ; c'est pourquoi le premier travail entrepris par la famille de LASTIC fut de rétablir son fonctionnement. Ensuite, au moment de la Révolution, il a fallu s'adapter un peu aux idées de l'époque et les de LASTIC ont créé, à la demande des révolutionnaires, un atelier de salpêtre. Une dalle de ciment portant l'inscription "Loi et Constitution, atelier de salpêtre' en est encore le témoin de nos jours. A cette occasion, le général de LASTIC perdit sa particule, et la fabrication du salpêtre pour servir la cause révolutionnaire eut lieu dans ce moulin. Un incendie l'a ravagé en 1986. Mr de LASTIC envisage de sauver ce qu'il en reste dans les années à venir.

Parmi les éléments remarquables du parc, on peut citer trois gros chênes plantés après la Révolution et un tulipier de Virgine offert à la famille de LASTIC par l'Impératrice Joséphine. 

Sources et photos : La Passion des Châteaux 

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