C’est au VI° siècle qu’elle est citée pour la première fois. A deux reprises Grégoire de Tours signale l’existence de deux édifices religieux, l’un dans la plaine, l’autre sur la colline. Il rapporte en qu’en 532 Thierry, fils de Clovis lors de sa campagne en Auvergne s’empara du « castrum » de Thiers situé dans l’actuel quartier du Moutier et incendia les maisons et l’église en bois qui s’y trouvaient. Cette église abritait les reliques de saint Symphorien. Une seconde anecdote nous apprend qu’au temps d’Avit 1er, évêque de Clermont (571-574), un homme qui avait perdu ses bœufs les découvrit miraculeusement près d’une dalle qui recouvrait une sépulture. Il s’agissait de la tombe du jeune Genès, disciple de saint Syrénat qui avait été martyrisé près du premier bourg de Thiers. Avit fit édifier à cet emplacement qui se trouvait sur la hauteur dominant les gorges de la Durolle, une église qui devint vite un lieu de pèlerinage. Ainsi dès le VI° siècle, nous savons qu’il existait à Thiers deux édifices religieux. A la même époque on parle d’une communauté de moines qui s’était installée sur la hauteur près de l’église Saint Genès ou dans la plaine près de l’église du Moutier, les sources divergent sur ce point. Ce qui est certain c’est qu’au VIII° siècle existait au Moutier près de l’église dédiée à saint Symphorien un monastère de l’ordre de Saint Benoît, qui aurait été fondé par en 765 par Aldebert, évêque de Clermont. Auparavant, vers 732 une invasion aurait ravagé la ville (les Sarazins ?). les deux églises avaient été détruites, tandis que celle du Moutier se relevait rapidement de ses ruines, celle de saint Genès resta longtemps à demi ruinée. Au siècle suivant, ce furent les Normands qui s’attaquèrent à l’église et au couvent du Moutier qui furent à nouveau détruits. Au début du X° siècle eut lieu un événement important, le partage du comté d’Auvergne. Thiers fut alors détachée de la terre comtale et un noble, nommé Malfred ou Malfroy, fit ériger près de l’église Saint Genès un château fort. L’origine de ce premier seigneur de Thiers est très controversée. Les auteurs traditionnels, comme Baluze, du Bouchet ou de La Mure, en font un petit-fils du comte d’Auvergne, tandis qu’au XIX° siècle Marcellin Boudet pense qu’il s’agit d’un membre de la puissante famille de Mercoeur, descendante des anciens ducs d’Aquitaine. Dernièrement Ch. Laurençon-Rosaz voit en lui un membre de la famille Huillaux, originaire de Bourgogne. Quoiqu’il en soit, nous savons que Thiers à désormais des seigneurs particuliers. Près du château et de l’église, un premier noyau urbain s’établit. Les seigneurs de Thiers se conduisent alors en maîtres tout puissants et n’hésitent pas spolier leurs voisins, les moines du Moutier. Mais Guy II, petit-fils de Malfroy, pris de remords essaya de réparer les exactions des siens, en 1011 ou 1012, il restitua aux moines du Moutier la plus grande partie des biens qui leur avaient été ravis par ses prédécesseurs. Il y ajouta de dotations personnelles, puis en 1016 fit restaurer l’église saint Genès, la combla de biens et y créa un chapitre de chanoines. La ville du haut semble avoir déjà une certaine importance. Désormais deux agglomérations vont se développer parallèlement, celle du Moutier sous la domination des moines et la protection royale à la suite du traité de pariage passé, entre l’abbé et Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis, en 1251, traité qui établissait une prévôté qui fonctionna jusqu’en 1537 et l’autre, celle de la ville haute dirigée par les barons de Thiers. Cette division subsistera jusqu’à la Révolution avec deux justices, au Moutier une justice royale, dans la ville une justice seigneuriale. Puissants et bien apparentés, les seigneurs de Thiers font figure de grands seigneurs. L’un n’épouse-t-il pas Clémence de Courtenay, petite-fille dur roi Louis VI le Gros. Ils participent à la croisade, donnent des prélats à l’église. L’un d’eux, Etienne de Thiers, né vers 1044 et mort en 1124, fonde en Limousin le monastère des Muret et l’ordre de Grandmont, il sera élevé peu après sa mort à la sainteté. Ils rendent des services à la couronne, Chatard de Thiers reçoit de Philippe Auguste divers revenus qui seront confirmés quelques années plus tard par Louis VIII à son fils Guy en remerciement de son aide dans une expédition menée contre les seigneurs du Languedoc. Cependant la vie fastueuse qui se mène au château de Thiers devient bien vite hors de proportion avec les revenus de la baronnie. Après avoir pressuré les habitants, il faut recourir aux usuriers qui, à leur tour, exercent toutes sortes de pressions sur la population pour récupérer l’argent qu’ils ont avancé au seigneur. Aussi, en 1272, Guy III de Thiers est-il amené à octroyer moyennant finances une charte de franchises aux habitants. Elle sera confirmée et complétée trente ans plus tard en 1301 par son fils Guillaume. Cette charte ne prévoyait pas d’organisation municipale et on ne dispose que de fort peu de renseignements sur l’administration de la ville au XIV° et XV° siècles. Cependant en 1476, il y avait « un commis des affaires de la ville ». quelques années plus (1487) on parle de consuls bien que le terme de commis soit encore usité au début du XVI° siècle (1538). Au début du XIV° siècle, les thiernois sont en butte aux tracasseries des Maumont, originaires du Limousin, principaux créanciers de leurs seigneurs qui ont réussi à s’allier à eux. Mais les habitants obtiennent de Guillaume IV l’interdiction aux usuriers de séjourner dans la ville, particulièrement à Pierre de Maumont, dit « le chevalier juif ». Cette clause permettrait d’expliquer l’existence à la périphérie de Thiers de lieux-dits « les Salomons, Lombards, Les Catharins » qui attesteraient le séjours d’indésirables marchands d’argent. Pierre de Maumont, dont la sœur Agnès a épousé le baron de Thiers, paraît régner sur la ville. Il semble être la terreur des thiernois. Aussi les procédures succèdent-elles aux procédures et l’affaire arrive aux oreilles du roi Philippe le Bel dont le chancelier Pierre Flotte est seigneur de Ravel. Le roi intervient donc et incite le comte de Forez, seigneur voisin de Thiers, à se porter acquéreur de la baronnie. Il y eut alors une véritable compétition entre Maumont et le comte de Forez dont l’enjeu était Thiers. En 1301 le baron fait « don » de ses biens à son cousin le comte de Forez en échange d’un prêt d’argent. Mais les procédures ne cessent pas pour autant, ce fut cependant le comte de Forez qui emporta l’affaire. Dès lors Thiers allait connaître un sort nouveau. Pays d’Auvergne, c’est maintenant un bien des comtes de Forez et de leurs successeurs les duc de Bourbon. On peut alors penser que la ville va bénéficier de cette situation pour se développer économiquement. Les biens des comtes du Forez s’étendent jusqu’à Lyon, une grande place commerciale en liaison avec l’Italie et surtout situé sur le grand axe qui relie le monde méditerranéen et l’Europe du nord. Un document produit lors d’un procès à propos de la Leyde, entre la ville et son seigneur au XVIII° siècle, fait apparaître qu’en 1336 les couteaux étaient imposés comme une marchandise venant de l’extérieur, alors que quarante plus tard en 1379 ils ne le sont plus, ce qui incite à dire qu’ils sont alors fabriqués sur place. En 1371, Anne dauphine, baronne de Thiers, héritières des comtes de Forez, épouse le duc Louis II de Bourbon. Dès lors l’influence bourbonnaise prend le relais de l’influence forézienne. Les Bourbons agrandissent et embellissent la ville. C’est à cette époque que l’on commença à paver les rues, ce qui était fort utile la déclivité du terrain. En 1402, l’hôtel du Pirou est acquis par le duc qui le fait agrandir en lui donnant un aspect de demeure bourbonnaise qu’il a encore de nos jours. (« Histoire des communes du Puy de Dôme » sous la direction de André Georges Manry 1988).