Grégoire de Tours, ou Georgius Florentius Gregorius (Georges Florent Grégoire), né à Riom ou à Clermont vers 539 et mort à Tours vers 594, fut évêque de Tours, historien de l'Église, des Francs et de l'Auvergne.
Biographie.
Il est issu, par son père Florent (Florentius), d'une famille aristocratique arverne : son père et son grand-père Georgius avaient été sénateurs, et son oncle Gallus ou saint Gal Ier de Clermont, évêque de Clermont (désormais Clermont-Ferrand, en Auvergne). Par sa mère il est apparenté aux évêques de Lyon Sacerdos et saint Nizier d'une part, et aux évêques de Langres Grégoire et Tetricus d'autre part. C'est de Grégoire qu'il tient son troisième nom, celui par lequel il est connu.
Son père meurt jeune. Élevé par sa mère près de Cavaillon, puis successivement par son oncle Gal († 551) et par l'archidiacre Avit à Clermont, Grégoire achève son éducation auprès de son oncle Nizier, à Lyon où il est envoyé en 563. Durant sa jeunesse, il est sujet à divers maux : un pèlerinage sur le tombeau de saint Martin à Tours (en 562 ou 563) l'aurait, d'après la légende, guéri de l'un d'entre eux.
Peu après, il est ordonné diacre et réside à la basilique Saint-Julien, à Brioude. Il y vit jusqu'à son élection comme évêque de Tours, en 573, probablement à l'instigation de la reine Brunehilde et du roi d'Austrasie, Sigebert Ier.
Succédant à son cousin maternel Euphrone dans cette dignité, Grégoire prend alors en charge l'un des plus importants sièges épiscopaux de Gaule. Durant son épiscopat, il est gêné par les querelles des souverains francs, qu'il n'hésite pas à fustiger. Il tient notamment tête au roi Chilpéric Ier, puis à la reine Frédégonde qu'il accuse d'être responsable du meurtre de l'évêque Prétextat.
Il s'éteint à Tours, peut-être le 17 novembre 594. Selon Bruno Dumézil, les arguments en faveur de cette date ne sont pas assez solides pour assurer une date exacte et la mort peut être reculée ou avancée d'un an. Il est vénéré dans cette ville et dans celle de Clermont.
La langue de Grégoire de Tours, éloignée du latin classique, a valu de nombreux jugements péjoratifs à son œuvre. Ces préjugés ont été jusqu'à très récemment une des causes de la méconnaissance générale du haut Moyen Âge. Cette époque était considérée de façon réductrice comme une période de recul de la civilisation.
Parmi les auteurs antiques que cite Grégoire se trouvent Virgile, Salluste et Pline ; certains des ouvrages qu'il évoque sont aujourd'hui perdus. La théologie dont il fait preuve reste simple ; il argumente contre les juifs. Il réfute également l'arianisme.
Une Vie de Saint Grégoire a été rédigée au Xe siècle par l'abbé Odon de Cluny.
Oeuvres.
* L'histoire des Francs.
L'œuvre majeure de Grégoire de Tours a survécu à travers plusieurs manuscrits du Moyen Âge, dans des versions plus ou moins altérées par rapport à l'original.
En réalité, il s'agit d'une « Histoire ecclésiastique », originellement intitulée Dix Livres d’Histoire (Decem libros historiarum), traduction correcte du titre latin, qui a pour vocation de dresser l'histoire de l'Église universelle dans une perspective chrétienne, eschatologique, depuis la genèse du monde jusqu'au règne des rois francs, en 572. S'y ajoute un ensemble de récits de vies de saints gaulois, réunis sous le nom de Livre(s) des miracles et composés entre 574 et la mort de Grégoire].
Le récit fait la part belle à la Gaule mérovingienne que connaît Grégoire : cinq des dix livres et le Livre des miracles concernent le temps de l'auteur. Ce dernier en brosse un portrait plutôt sombre, mettant l'accent sur les conséquences désastreuses du comportement de certains rois par opposition au comportement de leurs aïeux chrétiens, à commencer par Clovis. C'est d'ailleurs à travers l'Histoire des Francs de Grégoire de Tours que nous est parvenue l'histoire du vase de Soissons.
Aussi, en raison de son thème central, l'œuvre a pu être rebaptisée tardivement Histoire des Francs (Historia Francorum) ou Geste des Francs (Gesta Francorum) ou encore, plus simplement, Chroniques (Chronicae). Elle fait en tous cas de Grégoire de Tours le père d'une « histoire nationale » des Francs, le principal historien des Mérovingiens et la source majeure dont nous disposons sur les règnes de ces derniers.
Par la suite, l’Histoire des Francs a pu servir d'inspiration, notamment, à Bède le Vénérable pour son Histoire ecclésiastique du peuple anglais (Historia ecclesiastica gentis Anglorum). L'œuvre de Bède – l'une des plus populaires en Europe durant le Moyen Âge – a pu valoir à son tour l'appellation d'Histoire ecclésiastique des Francs (Historia ecclesiastica Francorum) au récit de Grégoire de Tours.
L’Histoire des Francs a été continuée par des mains anonymes durant les siècles suivants : celles-ci sont connues sous les noms de Frédégaire et Pseudo-Frédégaire. La première impression du livre, réalisée à Paris, date de 1561.
Autres oeuvres.
Voici la liste des autres œuvres attribuées à Grégoire de Tours, à la suite de la liste proposée par l'académicien français François Guizot (1787-1874), qui fut l'auteur d'une traduction de l'Histoire des Francs et d'une Notice sur Grégoire de Tours :
* traité À la Gloire des Martyrs, recueil de légendes en cent sept chapitres, consacré au récit des miracles des martyrs.
* Sept livres des miracles (Septem libri miraculorum), recueil de récits de miracles auxquels l'auteur a personnellement assisté ou dont les faits lui ont été rapportés. Il est composé des Miracles de l'apôtre saint André, d'un livre sur les Miracles de Saint Julien de Brioude, martyr à Brioude en Auvergne, en cinquante chapitres et de quatre livres des Miracles de Saint Martin de Tours.
* traité À la Gloire des Confesseurs (In Gloria confessorum), en cent douze chapitres.
* notices sur les Vies des Pères (Vita Patrum), contenant l’histoire de vingt-trois saints ou saintes de l’Église des Gaules, en vingt chapitres.
* traité sur la Course des étoiles (De cursu stellarum) qui n'a aucun caractère scientifique mais plutôt des prétentions liturgiques où Grégoire tente d'enseigner comment déterminer l'heure des prières et litanies en fonction des astres.
Les ouvrages suivants sont perdus :
* Commentaire du Psautier (In psalterii tractatu librum unum) dont seuls quelques fragments sont conservés.
* traité sur les Offices de l’Église.
* préface au traité des Messes de Sidoine Apollinaire.
* traduction latine de la Passion des Sept Dormants d'Éphèse.