Le viaduc des Fades est un viaduc ferroviaire français lancé au-dessus de la Sioule, entre les communes de Sauret-Besserve (canton de Saint-Gervais-d'Auvergne), au nord, et des Ancizes-Comps (canton de Manzat), au sud, dans le département du Puy-de-Dôme. Il livrait passage à la ligne de chemin de fer de Volvic à Lapeyrouse (tronçon de la relation Clermont-Ferrand - Montluçon-Ville, via le plateau des Combrailles), dont l'exploitation a été suspendue le 9 décembre 2007 par la direction régionale de la SNCF. Une mesure prise officiellement « pour raison de sécurité », du fait de l'état de vétusté de l'infrastructure. La baisse de fréquentation de ladite ligne, aussi bien en voyageurs qu'en fret, explique le fait qu'elle ne bénéficiait plus d'un entretien régulier depuis des années...
Projet.
* Cette ligne dénommée, à l'origine, « de Saint-Éloy à Pauniat » a été déclarée d'utilité publique le 22 juillet 1881. Le 20 mars 1893, elle était concédée à la Compagnie du Paris-Orléans (PO). Entre 1893 et 1896, un projet de viaduc pour traverser la profonde vallée de la Sioule est étudié successivement par les ingénieurs des Ponts et Chaussées Dupin et Guillaume, sous la direction des ingénieurs en chef Daigremont puis Draux.
À partir du 1er novembre 1896, l'ingénieur Félix Virard reprend l'étude du projet, sous la direction de l'ingénieur en chef Abel Draux. Le 26 avril 1901, le projet de l'ingénieur Virard reçoit l'approbation ministérielle. Le 25 juillet suivant, la Société Française de Constructions Mécaniques (Anciens Établissements Cail), dont les usines étaient à Denain (Nord), est déclarée adjudicataire des travaux.
Le projet retenu consistait en un viaduc semi-métallique, composé de trois travées en acier et fer laminés, à poutres droites et à treillis triple, reposant sur deux piles géantes en moellons de granit. Il était prévu un tablier unique, mais la survenue d'un glissement de terrain lors de la construction de la culée de rive gauche (côté nord) nécessita le remplacement des deux arches en maçonnerie de ladite culée par une travée métallique secondaire plus légère.
Le chantier.
* Les travaux furent entrepris le 28 octobre 1901. Bâties à chaux et à sable, les piles sont l'œuvre de la prestigieuse "corporation" des maçons itinérants de la Creuse. Elles offrent la particularité d'être évidées, ce qui a permis leur édification sans le concours d'échafaudages, les ouvriers ayant pu être acheminés à pied d'oeuvre par l'intérieur, grâce à un monte-charge.
Le montage du tablier s'est effectué au moyen de deux "cages" volantes, une au départ de chaque rive. Épousant extérieurement le profil de l'ouvrage terminé, ces "cages" (on dirait plutôt aujourd'hui des équipages mobiles) renfermaient tous les outils nécessaires au bardage, à la pose et au rivetage des différentes pièces de l'ossature du tablier. Les travées latérales de 116 mètres ont été montées, pour la première moitié, sur un échafaudage géant (constitué d'un platelage reposant sur deux piles provisoires en bois) et, pour la seconde, en porte-à-faux. La travée centrale de 144 mètres a été entièrement mise en place en encorbellement, les deux moitiés du tablier progressant au-dessus du vide à partir de chaque pile. La jonction finale (ou clavage) s'est opérée le 18 mai 1909. Le 11 septembre, le viaduc était totalement achevé.
Du 14 au 16 septembre 1909, l'ouvrage d'art subit avec succès les épreuves de résistance, au moyen d'un train chargé de ballast dont le poids en configuration complète dépassait les 1075 tonnes. Inauguré le 10 octobre 1909, sous la présidence de René Viviani, ministre du Travail, le viaduc des Fades était mis en service dix jours plus tard.
Le viaduc des records.
* Le viaduc des Fades était, au moment de son inauguration le 10 octobre 1909, le plus haut pont du monde, toutes catégories confondues. Il prend encore rang actuellement (en 2010) à la dixième place sur la liste des plus hauts viaducs ferroviaires mondiaux.
Ce qui fait du viaduc des Fades un ouvrage d'art exceptionnel, ce sont ses deux piles monumentales en moellons d'appareil. Culminant à plus de 92 mètres, elles restent les plus hautes piles de pont en maçonnerie traditionnelle jamais construites. Elles possèdent une base plus vaste qu'un court de tennis.
Alors que d'autres viaducs jouent sur l'élégance des courbes, celui des Fades voit triompher la rigueur de la poutre droite. Son gigantesque tablier constitue un des plus beaux spécimens de ce type. Sa hauteur est comparable à celle d'un bâtiment de quatre étages.
Localisation.
* Vallée de la Sioule (affluent de l’Allier) ; communes des Ancizes-Comps (canton de Manzat) et de Sauret-Besserve (canton de Saint-Gervais-d'Auvergne) ; pays des Combrailles ; arrondissement de Riom ; département du Puy-de-Dôme ; région Auvergne (France).
Vocation.
* Viaduc ferroviaire à voie unique [ligne RFF Volvic - Lapeyrouse (Liaison Clermont-Ferrand - Montluçon-Ville)]. Les circulations ferroviaires sur cette ligne ont été officiellement "suspendues" par la SNCF, à compter du 9 décembre 2007, « pour raison de sécurité ».
Maître d’ouvrage de l’époque.
* Compagnie du Paris-Orléans (PO) (concession : Loi du 20 mars 1893).
Maître d’ouvrage actuel.
* Réseau Ferré de France (RFF).
Plans.
* Félix Virard (1852-1910), alors conducteur principal faisant fonctions d'ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées.
Dates de construction.
* 28 octobre 1901 – 11 septembre 1909.
Maître d’oeuvre.
* Ponts et Chaussées (Quatrième lot d’infrastructure de la ligne dite « de Saint-Éloy à Pauniat ») ; Abel Draux, ingénieur en chef à Angoulême ; Félix Virard, ingénieur ordinaire à Limoges ; Joseph Barrère, chef de section, Henri Dupré et Bonneau, sous-chefs de section aux Ancizes-Comps.
Entrepreneur.
* Société Française de Constructions Mécaniques (Anciens Établissements Cail) à Denain (Nord). Émile Robert, ingénieur des Arts et Métiers, directeur des travaux.
Coût total des travaux.
* 3 671 866, 75 francs de l’époque (y compris les dépenses sur la somme à valoir).
Date d’inauguration.
* 10 octobre 1909.
Date de mise en service.
* 20 octobre 1909.
Protection.
* Inscrit sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques (arrêté du 28 décembre 1984).
Date d’inauguration de la mise en lumière.
* 7 mai 1999.
Principales caractéristiques.
* Longueur totale : 470,25 m (culées comprises).
* Hauteur du rail au-dessus du thalweg : 132,50 m (le plus haut viaduc ferroviaire de France).
* Superficie totale en élévation : 32 767 m².
Les piles.
* Dimensions du massif des fondations : 23,61 m (L) x 12,78 m (l) x 6,00 m (P) (P = 14,80 m pour la pile de rive gauche).
* Hauteur totale au-dessus du massif des fondations : 92,33 m (les plus hautes piles de pont en maçonnerie traditionnelle).
* Section à la base : 21,96 m x 11,64 m.
* Section au-dessous du couronnement : 11,00 m x 5,50 m.
* Dimensions du chapiteau de couronnement : 12,80 m (L) x 7,30 m (l) x 3,00 m (H).
* Volume total des maçonneries (piles et culées) : 37 135,20 m³.
La culée de rive droite.
* Longueur totale : 24 m.
* Hauteur maximum : 22 m.
* Ouverture de l’arche en maçonnerie : 14 m.
La culée de rive gauche.
* Longueur totale : 70,25 m (y compris un jeu de 0,30 m à chaque extrémité près culée du petit tablier).
* Dimensions du petit tablier métallique : 52,90 m (L) x 5,50 m (l) x 5,82 m (H).
* Hauteur maximum de la pile à deux avant-corps : 32,90 m.
* Profondeur maximum des fondations de la pile à deux avant-corps : 44,64 m.
* Hauteur maximum de la culée extrême (côté nord) à un avant-corps : 9,50 m.
Le tablier métallique.
* Longueur totale : 375,40 m (non compris un jeu de 0,30 m à chaque extrémité près culée).
* Largeur : 6,78 m (d’axe en axe des appuis) – 7,80 m (entre garde-corps).
* Hauteur : varie de 11,60 m à 11,67 m.
* Longueur des travées de rive : 115,70 m.
* Portée des travées de rive : 115,20 m (d’axe en axe des appuis).
* Portée de la travée centrale : 144 m (d’axe en axe des appuis).
* Nombre total de rivets d’assemblage : environ un million (dont 237 809 posés sur le chantier).
* Poids total actuel de la structure métallique : environ 2 604 tonnes.
Nota : une cage roulante, épousant le profil extérieur du tablier et destinée à faciliter sa surveillance et son entretien, peut circuler sur toute la longueur de l'ouvrage métallique.
Le viaduc dans l'Art.
* Entre 1982 et 1991, tous les troisièmes week-ends du mois de juin, se sont tenus, à la halte ferroviaire des Fades, les fameux "Congrès ordinaires de Banalyse" fondés par deux universitaires rennais, MM. Pierre Bazantay et Yves Hélias. La principale occupation de nos congressistes consistait à attendre "quiconque, ayant eu vent du Congrès des Fades, avait été fortement tenté de s'y rendre" ! Les "Banalystes" étaient des intellectuels -ou non-, portés -ou non- par les mouvements situationniste et surréaliste, venus de toute l'Europe et ayant choisi ce lieu pour son nom sans ambages, sa beauté agreste et d'accès immédiat problématique voire oppressant, son viaduc, ses vieilles michelines qui s'arrêtaient six fois par jour, et à la condition expresse de faire signe au conducteur...
Sources : Wikipédia