mercredi 26 décembre 2007

Sauviat : Prieuré fortifié

Situation et description.
Le site du prieuré domine, sur un petit replat, le confluent encaissé du Miodet et de la Dore qui coule 120 mètres plus bas à quelques 500 mètres à l'ouest. Il a été occupé par un prieuré conventuel des bénédictins de Saint-Michel-de-Cluse en Piémont, qui a fixé quelques maisons d'un petit bourg monastique aujourd'hui chef-lieu de commune. On peut repérer les restes du prieuré fortifié et ceux d'une enceinte plus vaste englobant l'église, son ancien cimetière et quelques maisons.Le prieuré fortifié est établi en rupture de pente sur un affleurement rocheux dominant directement les gorges de la Dore. Il s'agit d'un bâtiment grossièrement rectangulaire autrefois protégé par quatre tours d'angle dont trois subsistent encore après restauration. Les murs formant courtine ont une épaisseur de plus d'un mètre. Ils ont pu être autrefois surmontés d'un chemin de ronde. La tour sud-est, découronnée, est la mieux conservée. Elle est construite en moellons assisés. Son étage inférieur (cave ou cellier) n'est accessible que par un trou d'homme. Une longue meurtrière de 3,20 mètres évoque le XIV° siècle. Le prieuré occupe l'extrémité méridionale du grand axe d'une enceinte grossièrement elliptique dont on suit partiellement le tracé dans quelques restes de murailles et dans le relief. Celui-ci marque, en creux, les anciens fossés notamment à l'est où ils avaient pour fonction d'isoler le réduit défensif du reste du replat. Le périmètre extérieur est parcouru par des chemins et la partie nord du fossé est toujours en eau. Au nord-est toujours, une tour de l'enceinte, encore présente au XIX° siècle, a été malheureusement en partie détruite pour libérer l'accès à l'église (elle-même du XIV° siècle) qui occupait le centre du périmètre protégé. [Valaude P. "L'ancien château de Sauviat", CHLF, 1999, p. 17-35]
Historique.
L'établissement du prieuré de Sauviat directement placé sous le vocable de Saint Michel (qui est celui de l'abbaye-mère de Saint-Michel-de-Cluse en Piémont) est donc assez sûrement postérieur rétablissement ou restauration de cette abbaye par un ancêtre des Montboissier à l'extrême fin du X° siècle [Boy M. "Les premiers seigneurs de Montboissier", BHSA, 1979, p.99-109]. On peut penser q'il a été fondé et doté par cette famille au début du XI° siècle. Selon l'abbé Adam, ce serait pareillement des membres de cette lignée ou des proches parents qui, au milieu du XII° siècle, auraient abandonné au prieur de Sauviat la seigneurie et justice du lieu [Adam Abbé: "La Vicomté et paroisse de Sauviat", A.D. Puy-de-Dôme, fonds Adam, 6F.156]. Connu par des textes depuis le début du XII° siècle, le prieuré de Sauviat abrite encore au début du XV° siècle, plusieurs religieux en plus du prieur [Drouot L. "Notes et Documents pour servir à l'Histoire du Livradois,du Vallorgue et des Pays de la Vallée de la Dore", 1994, p. 9 et suivantes, Registres des Assises de Sauviat d'après les archives privées Montmorin-Saint Herem].
Le prieur est seigneur en toute justice de l'ensemble de la paroisse (Ibidem). Ses sujets doivent en cas de nécessité le service de guet au château et doivent moudre au moulin banal établi sur la Dore en dessous du village. Le prieur présente aux cures de Sauviat, Vollore et Saint-Flour et possède une vaste dîmerie s'étendant sur les entières paroisses de Sauviat et Saint-Flour, ainsi sur quelques héritages de Sermentizon. Il portera tardivement le titre de "vicomte" [Adam Abbé: "La Vicomté et paroisse de Sauviat", A.D. Puy-de-Dôme, fonds Adam, 6F.156]. Les installations du prieuré étaient assez considérables au XIII° siècle pour accueillir l'archevêque de Bourges et sa suite, ceci à deux reprises, le 24 avril 1284 et les 13 et 14 octobre 1287. [Boy M. : "Les visites de Simon de Beaulieu archevêque de Bourges", CHAA, n° 12, 1990, p. 54-56]. A la liste des prieurs donné par l'abbé Adam et par Paul Valaude, il convient d'ajouter au XV° siècle, deux membres de la famille de Vissac, dont l'un fit restaurer le prieuré et l'église dans la seconde moitié du XV° siècle et dont les armes [parti de Vissac et d'Apchon] timbrent une porte du logis fortifié prieural. On compte aussi parmi eux des cadets de la famille de Chazeron au XV° siècle et plus tard des de La Barge entre 1560 et 1650. Le prieuré et son petit bourg subirent diverses destructions. Lors des guerres franco-anglaises d'abord au XIV° siècle, lors des guerres civiles de la fin du XVI° siècle aussi. A la Révolution, le prieuré fut vendu comme bien national à un serrurier de Courpière et condamné à voir ses tours découronnées en 1794. [Gagnaire J. : Les fortifications médiévales du pays d'Ambert et ses Abords", 2002, p. 528-530].
L'Apport des textes.
Vers 1110-1125
: La liste des débiteurs d'Agnon de Meymont cite "le prieur de Sauviat pour 50 sous, le seigneur Ferréol répondant pour 30 sous et pour les 20 autres, Chataignier prêtre et Roux de Sauviat" [A.N. R² 3 n° 1, Drouot L. : Recueil des actes des premiers seigneurs d'Olliergues et de Meymont (1064-1330)", Clermont-Ferrand, p. 23-25 et p. 64, 1979].
En 1234 :["Nous Hugues, prieur de Sauviat, savoir faisons à tous qu'un différend s'était levé entre nous et Agnon de Meymont au sujet de certains cens et mas appelé de Bretanges (...)"]. [Justel Ch. : "Histoire généalogique de la Maison d'Auvergne", Paris, 1645, Preuves, p.204].
Le 9 février 1268 : ["Nous, frère Guy, humble prieur de Sauviat, savoir faisons [...] nous établissons et constituons Agne, seigneur d'Olliergues et Meymont, caution envers vénérable personne Arbert de La Forêt, chanoine de Thiers, pour 50 livres clermontoises (...)"]. [AN R² 18,, n° 11, Drouot L. : "Recueil es actes des premiers seigneurs d'Olliergues et de Meymont (1064-1330)", Clermont-Ferrand, 1979, p. 64]
Le 13 octobre 1287 :["(...) sa seigneurie [Simon de Beaulieu, archevêque de Bourges] vint à Sauviat, prieuré conventuel de Cluse, où le lendemain il entendit la messe, prêcha et donna des indulgences. Il fut traité aux frais du prieur du lieu"]. [Baluze E. : "Miscellaanea, Lucques", 1761, t. I, p. 267-310].
En février 1412 : Il es rappelé que "les habitants [de Sauviat] ont promis de faire le guet au lieu de Sauviat toutes et quantes foiz ilz en seront requis". [Drouot L. : "Registre des Assises de Sauviat" d'après les archives privées Montmorin-Saint Hérem].
Le 7 septembre 1495 : ["A la suite du procès pendant au baillage de Montferrand etre les habitants de la terre de Saviat et le prieur du lieu il avait été décidé par accord entre les parties le 18 février 192 (n.s.) que ceux-ci reconnaîtraient sous serment les cens dont ils étaient redevables au titre des trente dernières années [...] le bailli [...] avait décidé que les tenanciers des villages énumérés [...] devaient faire leurs reconnaissances suivant les vieux terriers de Sauviat"]. [AN X1a 129, f°269r°, Drouot L. : "Notes et Documents pour servir l'Histoire du Livradois, du Vallorgue et des pays de la Vallée de la Dore", 1998, p. 69 et sv.].
En 1697 :Les Mémoires sur l'état de la Généralité de Riom note que "Sauviat (...) est un prieuré conventuel sous le nom de saint Michel dépendant de l'abbaye de Saint-Michel de l'Ecluse en Piémont. Le prieur porte le titre de vicomte. La justice, qui est du ressort de Riom, lui appartient. C'est aujourd'hui monsieur l'abbé de Montgon qui en est pourvu. Il est le frère du marquis de Montgon, maréchal de camp." [Poitrineau A. : "Mémoire sur l'état de la généralité de Riom", 1697, Clermont, 1970].
En 1786 :Chabrol note que "la justice de Salvyat appartient au prieur du lieu. Le prieuré qui est une dépendance de l'abbaye de Saint-Michel-de-l'Ecluse, a été fondé par les seigneurs de Montboissier (...). L'abbé accorda, en 1182, la garde et défense du prieuré de Sauvyat à Robert, comte d'Auvergne (...)". [Chabrol G-M. : "Coutumes générales et locales de la province d'Auvergne", Riom 4 vol., 1784-1786, t. IV, p. 564].

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